Journée mondiale de la propriété intellectuelle

Aujourd’hui c’est la journée mondiale de la propriété intellectuelle !

L’occasion pour moi de faire la promotion d’une formation que j’ai suivie : le cours général de propriété intellectuelle, proposé par l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle.

Private property (you have been warned)

Private property (you have been warned) par Adam Tinworth, CC-BY-ND 2.0 sur FlickR

Ce cours est en ligne et gratuit, très simple à suivre et permet d’avoir une vue générale et introductive sur la propriété intellectuelle.

Le contenu n’est pas parfait (mauvaises traductions de l’anglais notamment), mais je ne connais pas d’équivalent, sachant que sur le sujet, l’OMPI fait « naturellement » figure de référence. Pour vous inscrire, c’est par là :

http://www.wipo.int/academy/fr/courses/distance_learning/

Gardez le lien en note, car les inscriptions pour la session en français seront ouvertes dès le 1er juillet : pensez à l’ajouter à vos calendriers ! Pour les anglophones, la session a commencé, vous pouvez vous inscrire dès aujourd’hui.

Parler de matière juridique est toujours complexe pour les non-juristes, et appelle toujours à une grande humilité. Ce cours permet d’en avoir conscience, mais aussi de voir qu’il ne s’agit pas d’un simple brouillard ; à tout le moins il est possible de le dissiper.

Il permet enfin d’ouvrir à un regard critique sur le droit d’auteur et le copyright.

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La bibliothèque numérique allemande se dote de watermarks

Le ministère de la culture allemand vient de faire l’acquisition d’un logiciel de génération de Watermark (voir actualité en allemand). Il s’agit d’un tatouage numérique, d’une « technique permettant d’ajouter des informations de copyright ou d’autres messages de vérification à un […] document numérique », d’après Wikipédia.

fingerprint

fingerprint par Jose Luis Agapito CC-BY-ND 2.0 sur FlickR

Cette technique est déjà utilisée par certains éditeurs, et permet d’assurer un suivi et un contrôle du document sans imposer de DRM, ces protections de documents qui en empêchent le partage.

Ces Watermarks seront utilisés pour marquer les documents de la Deutsche Digitale Bibliothek, l’équivalent de notre Gallica national. Cette bibliothèque numérique est en ligne (et en version Bêta) depuis novembre, et l’achat a coûté 100 000 €. Cette marque sera invisible, elle consistera seulement en l’implémentation sur les documents d’une SitMark Image [de] en cours de développement.

Mais quel est l’enjeu de cette implémentation ? En fait, la Deutsche Digitale Bibliothek se veut une réponse à Google Books, et la publicité du Watermark a été apportée par une réponse du gouvernement au parti Die Linke. C’est donc de façon fortuite que nous l’aprenons, et l’on peut se demander ce qui se passera lorsque l’Etat fédéral remarquera sur les réseaux qu’un « pirate » a partagé un document watermarké.

C’est à ma connaissance la première bibliothèque à s’emparer de ce dispositif.

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Animer les communautés en bibliothèque

L’apparition récente du métier de community manager peut interroger les bibliothèques sur plusieurs niveaux : du point de vue théorique et du point de vue pratique, concernant les outils et la possible mise en oeuvre.

Dans le cadre de la formation initiale de bibliothécaire à l’Enssib, j’ai réalisé avec @mickeypuccino et @IDnum un poster scientifique sur le sujet. Le voici :

Poster-cadio-colombera-dufournet

Les sources sont disponibles à cette adresse : animerdescommunautesenbib.wordpress.com

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Avatar de HortensiusLégothèque

Tentative de définition

Les bibliothèques s’investissent de plus en plus dans la représentation de la diversité culturelle. Parmi cette diversité figure ce qu’on peut appeler la culture queer. Par culture queer, j’entends (et cette définition est une tentative personnelle) les éléments et activités que l’on peut considérer comme culturels auxquels peuvent se référer les personnes se réclamant comme ne s’inscrivant pas dans l’hétéronormativité ou appartenant à des minorités sexuelles (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres).

Culture, vous avez dit culture ?

Cette notion de culture a été sujette à polémique ces dernières semaines : les Indigènes de la République ont remis en cause son universalité. Selon eux, il n’y a pas d’identité gay partout dans le monde : cette analyse nous semble valable en ce qu’elle se limite à la culture queer ou plus précisément gay anglo-saxonne dont nous parlerons plus loin. Mais si l’on limite notre périmètre…

Voir l’article original 435 mots de plus

Culture queer & bibliothèques : que faire du porno gay ?

Ce billet fait suite à celui publié récemment sur le blog de Légothèque, où je tentais de définir la culture queer et sa possible intégration en bibliothèques.

Je décrivais notamment la présence dans les collections d’oeuvres jugées artistiques et caractéristiques de la culture queer. C’est une bonne chose. Mais il est possible de s’interroger sur le moteur de l’acquisition de ces documents : ici, l’argument de légitimation artistique fonctionne à plein, et assoit la présence de leurs oeuvres dans les collections.

Mais si les oeuvres de ces artistes n’étaient pas reconnues comme telles, qu’en serait-il ? Pour être tout à fait honnête, j’ai bien mon idée.

Répondre aux pratiques d’usagers

La culture queer, telle que nous l’avons définie dans l’article Légothèque, c’est-à-dire fortement redevable d’une culture anglo-saxonne qui s’est développée en particulier dans les Etats-Unis des années 70 et 80, avait notamment pour caractéristique la mise en scène de la sexualité à travers les films pornographiques. Le porno gay est constitutif de cette culture (pour rappel et au cas où, tout homosexuel n’est pas attaché à cette culture, tout homosexuel n’est pas fan de pornographie). Or, en France, les films pornographiques ne sont pas présents en bibliothèques, du moins en tant que tel, et il y a lieu de s’interroger pourquoi.
Si je dis en tant que tel, c’est que, bien sûr, on pourra trouver dans certains cas de la pornographie : à travers les exemples artistiques, je l’ai dit, mais aussi à des fins documentaires : quel plus bel exemple pour l’illustrer que la fameuse exposition l’Enfer de la BnF ? des extraits des premiers films pornographiques étaient projetés (voir p.13 du dossier de presse de l’exposition) dans les salles. Mais ici, la légitimité est purement historique : images en noir et blanc, muettes et pour ainsi dire guère excitantes, on est curieux de voir que les gens s’excitaient sur de telles images. Mais sur quelles images les gens s’excitent-ils aujourd’hui ? Un bibliothécaire serait bien en peine de le dire à partir de ses connaissances professionnelles (personnelles, cela dépend de chacun…). Pourtant, il est sûrement possible de se demander, à l’heure où les acquisitions sont de plus en plus orientées par les usagers (voir par exemple l’essor des acquisitions orientées par l’usager, [en] patron driven acquisitions), si la légitimité populaire, c’est-à-dire culturelle et non pas idéologiquement artistique ou historique, ne pourrait pas être acquise.

De fait, la pornographie, ritournelle habituelle, concerne une partie importante du web : les gens consultent la pornographie [1] ! Pourquoi nous extasier devant la magie d’internet, et en escamoter une partie ? Est-il intellectuellement honnête de dépenser des millions pour acquérir des livres de moins en moins lus, et de ne pas consacrer un centime pour la pornographie ? Cette question recoupe un débat bien plus vaste, il faut le rappeler [2]. Restons-en à la question de la pornographie : pourquoi ne pas mettre des oeuvres pornographiques à destination du public ? On l’a vu, la question de la légitimité artistique n’est pas valable : les Harlequin, Danielle Steel et consorts ont rejoints nos collections depuis fort longtemps. Mieux même : le porno à la bib’, c’est possible.

Une bibliothèque qui propose de la pornographie…

Une initiative aux Etats-Unis mérite notre attention : il s’agit des Cornell University Archives qui présentent depuis désormais 25 ans un fonds spécialisé sur la sexualité humaine (voir cet article en anglais). Ce fonds de recherche possède des films de pornographie, et en particulier des pornos gays des années 70. Comme très bien expliqué dans l’article cité, ce fonds est complété par des documents historiques, et a la juste prétention de présenter la culture queer des Etats-Unis.

Certes, me rétorquerez-vous : mais il s’agit là d’un fonds de recherche. Effectivement, mais il me semble que c’est par ce biais que la pornographie peut entrer dans les collections françaises : l’étude de la pornographie existe déjà en France [3], alors pourquoi les bibliothécaires universitaires n’accompagnent-ils pas cette recherche ?

Elle interroge dans notre cas : en France, comment pourrions-nous envisager ceci ?

Un billet que j’avais écrit il y a quelques mois évoquait la difficulté, voire l’impossibilité de proposer des collections pornographiques en France. Plus tard, une discussion avait eu lieu sur Twitter sur le sujet.

A partir de cette discussion, il me semble que la question de la pornographie et des bibliothèques pose des problèmes de trois ordres : moral, légal et pratique.

Sur le plan moral

Le plan moral a déjà été en partie traité. Il est possible de proposer une oeuvre, un document pornographique s’il a un intérêt culturel. Ce sera le cas de classiques (Apollinaire et ses Onze Mille Verges), mais que faire des classiques récents ? Pink Narcissus par exemple, film culte de la culture queer, n’a-t-il pas sa place lui-aussi à la bibliothèque ?

Pink Narcissus – 1972 – capture d’écran

Il me semble qu’à partir du moment où l’on propose déjà des documents à contenus pornographiques, il est acquis que la pornographie est légitime. Le reste n’est qu’affaire de curseur, et je peux tout à fait comprendre que Gorge profonde soit considéré comme plus intéressant qu’un film à peu de moyens et sans qualité (le net en déborde, je vous laisse effectuer vos recherches documentaires pour vérifier par vous même), au même titre qu’on peut préférer Pascal Quignard à Danielle Steel.

Sur le plan légal

Je ne suis pas juriste, je n’ai pas fait d’études en droit, et je suis donc incompétent pour m’interroger en ce domaine. Toutefois, en tant que bibliothécaire, je m’interroge concernant le dépôt légal, et en particulier le dépôt légal du Web : archive-t-il la pornographie ? S’agit-il à l’INA de le faire ? Le cas échéant, dans quelle mesure ? Ce service a-t-il recréé un Enfer, comme ce fut le cas en 1983 pour les collections imprimées, cette fois numérique ?

[Mise à jour le 15 mars : @sderrot signale sur Twitter (https://twitter.com/sderrot/status/312507581295910912) que « le dépôt légal du web archive du porno, français, car il y en a sur le Web, tout simplement. Pas de censure de ce côté là !« ]

Autre point : on peut s’inquiéter du droit que nous avons nous, agents de la fonction publique, à acquérir de la pornographie. Bis repetita placent : si nous avons déjà le droit d’acquérir l’Histoire de l’oeil de Georges Bataille, nous avons aussi celui d’acquérir une pornographie plus normative (eh oui, les LGBT sont souvent plus normatifs que Georges Bataille). La seule question est de savoir si, au final, ce droit que nous avons est réel ou si nous nous le sommes accordé, sans tenir compte des limites du cadre légal.

Sur le plan pratique

Comment pourrions-nous organiser ceci ? Cette question semble la plus légère : elle est pourtant la plus complexe. Imaginons un instant que la bibliothèque dans laquelle vous travaillez acquiert de la pornographie : comment procédez-vous ?

Pour commencer, vous pouvez ranger Livres Hebdo dans le tiroir, leur diversité éditoriale ne va pas jusqu’à ces eaux-là. Où veiller ? Où acheter les DVD ? Il me semble que de tels actes banaliseraient la pornographie, et, de fait, participeraient à sa légitimation.

En supposant que l’on trouve un système de veille (un-e collègue zélé, sûrement…), que l’on procède aux acquisitions : comment faire en sorte, et je suis sûr que vous y avez pensé à la lecture de ce billet, comment éviter aux chastes yeux de tomber sur ces collections ? On pourrait faire comme à la sortie des sex shops, tout emballer dans des pochettes noires (mais avec des cotes bien sûr : un filmolux opaque ?). On pourrait aussi restreindre certains espaces aux seules personnes majeures, à la manière des salles spéciales que l’on trouve parfois dans les musées [4], tout comme il n’y a pas (ou si peu, à l’exception des parents) d’adultes en section jeunesse. Cette comparaison avec les musées à de quoi plaire : en bien des domaines, les musées ont de l’avance sur les bibliothèques.

Nous n’en sommes pas encore là. Alors que les cultural studies et les gender studies sont de plus en plus enseignées dans nos universités, le sudoc ne semble pas capable de proposer un seul film pornographique. Alors, à quand les sections adultes en bibliothèques ?

Notes :

[1] Environ 10 à 15 % des recherches effectuées sur les moteurs concernent la pornographie, voir cet entretien en anglais.

[2] Je ne m’étends pas sur la politique documentaire : tant du point de vue local que national, elle continue à poser question, notamment sur la question du média/support. Le blog de Bertrand Calenge porte des réflexions toujours intéressantes sur le sujet.

[3] Un exemple d’étude scientifique sur la pornographie que je trouve amusant.

[4] Un exemple récent : l’exposition de Robert Combas au musée d’art contemporain de Lyon. Cet article fait état de cette salle de l’exposition.

Enfer moderne ? le filtrage du web en bibliothèque

Le fait de proposer internet en bibliothèque ne pose plus trop de problèmes : il suffit d’enregistrer les logs pour s’assurer un cadre légal (plus de détails ici).

Internet en ethernet ou en wifi, l’usager a donc accès au web et s’en contente. Ce qu’il ignore souvent, c’est que cet accès est restreint. Quelle est la légitimité de ce filtrage ?

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Bibliothécaires allemands : tour d’horizon

Dans le cadre de la veille que je fais, je vais régulièrement voir ce qu’il se passe du côté de nos collègues allemands. Je sais que l’allemand n’est pas la langue préférée des bibliothécaires français, mais à toute fin utile, un court panorama du monde associatif et des biblioblogs s’impose sur ce blog. Je tenterai d’être généraliste et de ne pas me limiter à mes propres intérêts. Il permettra à tout un chacun d’avoir quelques repères s’il vient à rencontrer un collègue germanophone …

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Les statistiques du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche : effectifs et budget

A l’occasion de la parution des dernières statistiques du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche ici, je propose de relever deux informations qui me semblent importantes. J’ai évité la noyade dans ce très complet document en me limitant à celles-ci, mais je vous invite à le consulter sur des points très particuliers : il peut être très utile.

Plus d’étudiants, mais pas à l’université.

Il y a, pour l’année 2011/2012, 2 347 807 étudiants tous établissement confondus. C’est donc une hausse générale par rapport aux années précédentes  (plus de 25 000 étudiants en plus), à laquelle il faut retrancher néanmoins 30 000 en moins pour les universités.

Ainsi, il y a de plus en plus d’étudiants, mais pas à l’université (pour une analyse des chiffres en détail, voir le billet de Pierre Dubois). La loi relative aux Libertés et aux Responsabilités des Universités serait-elle en cause ? En fait, les lettres-sciences humaines semblent particulièrement touchées par la décrue, et ces chiffres bien généraux ne sauraient mettre en valeur les différences territoriales. Néanmoins, le constat est là : l’université attire globalement moins. La LRU, donc, si elle n’est peut-être pas en cause, n’a pas avantagé ces dernières puisque les universités les plus touchées par la baisse sont aussi celles qui ont le moins bien réagi à ladite loi.

Il me semble, d’un point de vue politique, que la bibliothèque ne peut pas participer directement à l’attractivité de l’université. Cependant, aucune excuse pour l’étudiant inscrit : la bibliothèque a sa responsabilité dans le maintien de l’étudiant dans un cursus universitaire, étai de l’enseignement et de la recherche. Et ce pourtant dans un contexte où nous obtenons moins de crédits…

Un budget en baisse en 2012 ?

Concernant les budgets, la mission interministérielle « Recherche et enseignement supérieur », action 5 « Bibliothèques et documentation », alors qu’elle était en hausse durant les trois dernières années, chute pour l’année 2012 (en crédits votés, donc) de 2,5% (de 441,3 millions d’euros en 2011 à 430,3 millions en 2012).

– 2,5% de crédits, c’est une baisse qui peut faire mal. Où sont les coupes ? Je n’en sais rien. Mais pour tout nouveau service ou projet que nous souhaiterons proposer en bibliothèque, nous serons encore davantage restreints de ce point de vue là. Impératif de créativité ?

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La BNU de Turin

Comme beaucoup d’entre vous, j’ai profité de mes vacances pour faire du bibliotourisme. Le résultat n’étant pas aussi satisfaisant que Thomas Fourmeux par exemple, j’ai d’abord hésité à en faire état, le constat étant plutôt sévère pour l’établissement que je compte vous présenter aujourd’hui.

Di Claudio Cavallero at it.wikipedia (Opera propria) [Domaine public], Wikimedia Commons

Mais la rentrée étant propice à quelque biblioblues, je me suis dit que remarquer combien l’herbe était plus verte chez nous pourrait nous faire du bien.

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Votre bibliothèque suit-elle les préceptes du management innovant ?

Absorbed pensive mature businessman

J’ai cherché une illustration qui ressemble à celle de Management. Ne manque que le sourire Colgate. (par s_falkow/CC-BY-NC)

Lectures estivales obligent, j’ai changé de revues : adieu BBF, bonjour Closer Management. En dépit de la claque infligée au doux rêveur à la lecture de ces pamphlets assez radicaux en terme de management et pas avares en moqueries sur ces fonctionnaires fainéants, je me suis surpris à prendre goût à l’exercice : lire les astuces et les avancées en terme de management, et voir si les bibliothèques méritent cette étiquette de ringardise qu’on leur accole.
J’ai donc pris un des dossiers (pp.38-42) du numéro du mois d’août, concernant l’efficacité et la performance au travail, et voici, en dix points, les innovations qui ont peut-être leur place en bibliothèque.

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