Et à l’heure où les tensions avec des éditeurs comme Elsevier sont de plus en plus fortes, comme on le voit actuellement au Royaume-Uni [en], les universités et leurs bibliothèques sont de plus en plus sensibles à l’alternative dans un monde en plein changement, un monde où l’accès est plus important que l’acquisition. Les pays occidentaux semblent tous se diriger vers un maximisation de l’OpenAccess.
L’âge de l’accès (selon le célèbre essai de Jeremy Rifkin), les fondateurs de la plateforme PeerJ [en] l’ont très bien compris : on ne paie plus rien à l’acte, on paie une fois et pour toujours. Cette plateforme de publication d’articles scientifiques en OpenAccess propose une adhésion à vie (99$). Co-fondé par un ancien du gestionnaire de références Mendeley [en] et un ancien de PloS [en], chapeauté par Tim O’Reilly, à qui Wikipedia attribue la formule « Web 2.0 », PeerJ est un projet qui montre bien qu’il y a peu de hasards : porteur d’un projet libre, 2.0 et humaniste, il s’agit d’une option qui s’ouvrira aux auteurs d’articles scientifiques.
Une chaîne de publication et un système qui devraient fonctionner
Passons sur le modèle économique qui table sur une croissance infinie (et après ? on verra !). L’idée de proposer une sorte de serveur à accès ouvert mondial, accompagné de reviews. Cette review est faite par des éditeurs académiques « indépendants » : effectivement, pour le coup ils ne gagnent rien (normal). Chaque « membre » de la plateforme s’engage à faire au minimum une review par an (sans quoi il faut payer 99$ pour rester membre), et les publications sont limitées à deux domaines scientifiques (pour l’instant ?) : Biologie et Médecine.
En fait, la plateforme propose trois forfaits : étudiants, doctorants, chercheurs. Le dernier est illimité (et coute 259$). Tous peuvent d’abord publier leur article sur le PrePrint dédié, Preprint PeerJ, le partager de façon publique ou privée avec des collègues et, quand on sent le papier prêt, le soumettre au review pour que ça passe sur PeerJ.
Un produit pour les pays émergents ?
Bref, en théorie, la chaîne devrait vite être rodée. Et le succès devrait suivre dans le contexte actuel où le monde universitaire est à l’économie et a une nécessité de mutualisation (enfin ça c’est plutôt moi qui me le rêve).
Une université n’ayant pas trop de moyens pourrait être tentée, plutôt que d’investir coûteusement dans un serveur à accès ouvert de type HAL par exemple, de payer un abonnement pour tous ses chercheurs. D’autant plus que le site propose évidemment des réductions pour les commandes institutionnelles… Tous les pays n’ont pas un HAL, et la solution clés en main de PeerJ est pleine de promesses.
Affaire à suivre
Le service compte publier son premier article PeerJ en décembre 2012 (si la fin du monde n’est pas encore survenue, bien sûr). Je suis curieux de voir son succès ! Concurrent des grands éditeurs scientifiques et des plateformes OpenAccess, il ne se fera sûrement pas que des amis. Mais le modèle de rémunération économique choisi est pour le moins original : une troisième voie qui fera peut-être ses preuves ?