J’ai eu l’occasion, en quelques jours seulement, à participer à trois réunions. C’était la première fois que j’assistais à de vraies réunions en bibliothèque.
Plutôt que d’y participer, j’y ai surtout appris, sur les tenants et aboutissants d’une réunion.
J’étais plein de préjugés, croyant simplement qu’une réunion avait un objectif qui se remplissait tel que l’indiquait la jauge. Une fois remplit, la réunion cessait.
En fait, la réunion a plusieurs objectifs. L’objectif de fonds, premier et prétexte (au sens de pré-texte, avant le tissage d’un projet plus long), est là avant tout, s’affichant et s’affirmant avec fierté.
Mais il y a aussi et surtout un objectif social : prendre le pouls de la bibliothèque, les pouls des bibliothécaires, assurer l’équilibre et l’harmonie dans la durée. Cet objectif n’est pas dit, et pourtant, il semble capital alors que l’occasion réunit des catagories de fonctionnaires différentes et des contractuels.
Elle prend acte techniquement et accompagne socialement.
Autre chose : en réunion on ne parle pas seulement de l’objet de la réunion. Je croyais naïvement que les listes d’arguments et les exemples structurés s’enchaîneraient. C’est plutôt une suite de réflexions, d’arguments aussi, d’expériences et de détours, de détours dont on ne saisit pas d’emblée l’importance, mais qui permettent à chacun de s’accorder dans une harmonie que tout le monde souhaite claire, détendue. Les détours ne répondent pas à l’objectif : ils sont néanmoins nécessaires pour y parvenir.
Quiconque lit ce billet et ayant travaillé plus de trois mois en bibliothèque trouvera sûrement toutes ces remarques bien simples. Qu’il n’oublie pas cependant que les réunions répondent vraiment à des habitudes qui montrent les différents ressorts de chacun et son intégration dans l’espace social. En tant que moniteur étudiant, ma place d’observateur, pour des premières réunions, était je crois tout à fait justifiée.
Si le café chaud et les biscuits l’accompagnent, ils font de la réunion un moment de chaleur très particulier, une ambiance que décrit Joachim Séné dans C’était, édité par publie.net.
Bienvenu dans notre univers ! Le statut de moniteur étudiant permet un positionnement politique intéressant, et un oeil neuf qui met en relief ce que l’oeil habitué ne distingue plus ; et j’en regrette l’absence dans la bibliothèques universitaires qui ne les intègrent pas aux réunions de service, ce n’est pas ma position managériale.
En terme d’info-com et de communication des organisations, l’intérêt pour un emploi étudiant peut être surtout de comparer les processus des réunions administratives de celles des réunions associatives.
Les deux sont semblables par les éléments structurants (ordre du jour, animation de réunion, prise de compte-rendu) ; mais les interactions diffèrent à cause des acteurs humains (large différence d’âge, large différence de statut).
Ca donne au final quelque chose d’assez différent (que ça soit pour une réunion décisionnelle ou pour une réunion informationnelle) d’une réunion d’association étudiante, à la matière humaine plus homogène.
Certaines réunions sont techniques : présenter des options, choisir une solution et pas de disgressions. Durée : limitée, on commence pile à l’heure et on finit pareil.
Et d’autres sont plus politiques ou identitaires : on se réunie pour créer un état d’esprit commun, pour créer une communauté.
Enfin certaines sont des vrais passe-temps, comme d’autres font de la broderie.
… il faut de tout pour faire un monde du travail !