Comme Marlène Delhaye le raconte dans ce billet, j’ai suivi récemment des MOOCs. Cet été, j’ai suivi le MOOC New Librarianship, que l’on pourrait traduire par « la nouvelle bibliothéconomie ».
La traduction du terme même de bibliothéconomie pose problème, comme l’a souligné Anne-Marie Bertrand dans un article de la toute nouvelle revue de l’enssib que je vous invite à lire. Elle pose problème en général, et dans le cas de ce MOOC d’une façon aiguë puisqu’il s’agit d’une référence à l’ouvrage The Atlas Of New Librarianship qui s’éloigne beaucoup de la bibliothéconomie, arborant un sens hautement politique.
L’auteur de ce livre, R. David Lankes, qui a en grande partie animé le cours, propose une vision innovante de la « bibliothéconomie », qui mérite d’être présentée en quelques points.
Means of Facilitations
Il s’agit des « moyens de facilitations », c’est-à-dire des enjeux portés par la nécessité que nous avons en tant que bibliothécaires d’être des médiateurs, mieux : des facilitateurs de création.
Knowledge is created through Conversation
La création est en effet le moteur de notre métier : en encourageant le débat, la conversation, la confrontation des usagers à des documents, nous participons à la création de connaissance.
Importance of a world View
Il s’agit d’un équivalent de notre sacro-sainte « culture générale », adapté au monde d’aujourd’hui. Avoir une vision du monde, c’est d’abord savoir le comprendre : savoir analyser nos sociétés et utiliser des théories pour développer à la fois la conversation, donc la création, et s’adapter à une société postmoderne dans le cadre d’un nouveau contrat social, où le bibliothécaire se détache de ses anciennes prérogatives.
Pressure for Participation
La « pressure for participation », c’est un peu notre besoin irrépressible de se sentir utile à la communauté, et ce sur plusieurs plans : l’espace physique, l’espace numérique, les espaces hybrides et la diversité des communautés que nous servons.
Core Skills (LIS)
Tout ceci ne doit pas nous faire oublier l’importance des compétences de notre coeur de métier : les sciences de l’information doivent faire partie de nos formations initiales (oui, « nos » : nous n’avons pas tous à suivre les même parcours…) de façon à ce que nous soyons suffisamment à l’aise dans notre quotidien professionnel pour nous tourner vers tous les points évoquée ci-dessus.
Ce qui est passionnant dans cette conception du New Librarianship, c’est le tissage qui s’opère au fur et à mesure de la progression entre les différents points, formant à la fin un vaste réseau qui fait sens et qui éclaire cette vision moderne du métier de bibliothécaire.
Suivre un MOOC, concrètement
Je vous invite vraiment à suivre des MOOCs sur les bibliothèques : ils permettent d’échanger avec des personnes de tous horizons, mais qui partagent avec vous la motivation « bibliothéconomique » (décidément, ce mot si peu adapté aura été beaucoup utilisé au cours de ce billet). Concrètement, un MOOC sur les bibliothèques, ça consiste en :
- des lectures du soir passionnantes, à se dire « mais je ne suis donc pas seul à penser ainsi ? » ;
- des vidéos que l’on peut laisser en fond pendant que l’on fait la vaisselle ;
- des bavardages et des débats sur un sujet commun, sur un forum dédié et sur Twitter (ça on peut le faire 10 minutes par jour) ;
- des critiques formulées sur le forum, ou auxquelles on pense à la suite d’une vidéo, ou encore après une discussion, mises à plat sur un blog ;
- des QCM réguliers qui nous font se sentir intelligents.
Bref, MOOCquez ! La contrainte principale est la langue, la plupart des MOOCs étant en anglais. Cependant, avec l’arrivée de la plateforme France Université Numérique, la voie des MOOCs francophones est ouverte !