La bibliothèque jamais mieux qu’un Mcdo ?

Ce billet sur les problèmes de l’accès à internet en bibliothèque m’a beaucoup énervé, car je partage le même constat.
Pour le prolonger, je décrirai l’exemple d’un étudiant en droit à Bordeaux.

La BU de Bordeaux 3
En tant que vacataire étudiant à la BU de Lettres, j’ai pour devoir de pousser les étudiants vers la sortie à 19h, heure de fermeture qui disconvient surtout aux étudiants de droit, qui y viennent pour son silence et ses places. Cette BU est excentrée, et lorsqu’ils se plaignent de cette fermeture prématurée pour eux, je les renvoie vers les autres bibliothèques du réseau… en fait une seule bibliothèque, la BU pluridisciplinaire du centre-ville, qui ferme à 22h.

La BU pluridisciplinaire
Mais c’est non sans un sentiment de culpabilité que je leur donne ce conseil, sachant pertinemment que cette BU manque terriblement de places, et qu’il n’en trouveront vraisemblablement pas. En espérant, d’ailleurs, qu’ils ne viennent pas à la BU pour l’accès à internet, car dans ce cas la BU pluridisciplinaire ne propose aucun ordinateur. Et pour les chanceux qui en ont un de portable, ils devront aller à une des six (SIX) places réservées à l’utilisation d’internet (également occupées).

Pour voir le bon côté des choses, vous me direz si vous êtes ironique que l’absence d’ordinateur a un avantage, c’est qu’ils n’ont pas à consulter leurs mails sur des écrans face aux bibliothécaires, sur un endroit de passage qui limite leur intimité à l’espace restreint de leurs dix doigts.

Ainsi, donc, l’étudiant en droit n’a toujours pas trouvé de place, et se dit qu’après tout ce n’est pas grave, il sait bien que les bibliothécaires font ce qu’ils peuvent (l’étudiant en droit à de l’empathie !) et se dit « Ho, mais c’est pas grave, je reviendrai demain matin ».

La BU de Bordeaux 2
Le lendemain matin, donc, rebelotte. Cette fois il commence par la BU pluridisciplinaire, mais il ignorait que c’est comme à la préfecture, il faut venir bien à l’heure pour avoir sa place. Préférant éviter même d’essayer, il va à une autre bibliothèque du centre-ville, celle de l’université de Bordeaux 2. Ici, il y a des postes informatiques, mais il faut être étudiant à Bordeaux 2 (et non 4, comme lui) pour les utiliser (vive le fonctionnement en réseau !). Alors il sort son ordinateur portable et tente d’accrocher le Wi-Fi. ça ne fonctionne pas, et il demande conseil au bureau du prêt (le malheureux ! il fallait aller à celui des renseignements !) qui ne peut rien pour lui, le rôle du bureau du prêt est de prêter (comme je me le suis déjà entendu dire par un non-vacataire étudiant à qui ma tête ne revenait sans doute pas).

Alors l’étudiant dépité sort de la BU (il s’avère au final que le réseau a un problème, qui sera résolu bientôt mais ça il ne le sait pas) et parcourt cinquante mètres pour commander un McCafé, deux sucres et trois heures d’internet gratuit.

La Bibliothèque municipale de Mériadeck
Ça, c’était dans le cas d’un étudiant qui n’est pas acharné. Un étudiant motivé aurait décidé, après cette dernière expérience, de se rabattre sur la bibliothèque municipale Meriadeck. Arrivé là-bas, il a du mal à trouver des places et évidemment ne trouve pas de prise, mais ce n’est pas grave, on l’a vu il est motivé. Il s’installe donc dans un fauteuil (sorte de chaise grillagée)  et allume tranquillement son ordinateur en se disant que décidément, c’est toute une aventure d’avoir internet en bibliothèque (tu l’as dit).
Et puis rien. Aucun réseau wifi à portée, incompréhension (mais déjà un peu de panique aussi, l’étudiant en droit commence à être habitué), demande au bureau des renseignements : « Ha, mais non on n’a pas le wifi ici ».

Bon. Bon. Bon. 300 mètres et au Quick, donc ?

Des pistes pour rétablir la connexion ?

Concernant le Wi-Fi en bibliothèque, je trouve dommage que certains collègues ne s’impliquent pas dans l’assistance technique, et renvoient les pauvres étudiants (dont, il fut un temps, je fis partie) à leur statut hors connexion. Pas besoin d’être informaticien pour expliquer à un étudiant que le réseau est victime de son succès ou pour rediriger vers le bureau des renseignements si on n’a pas la moindre idée de ce que sont les cookies (mais ce serait mieux, quand même).

Concernant l’accès à des postes informatiques, j’avais noté à la Hallward Library de l’université de Nottingham que, d’une part, la numérisation des collections entraînait mécaniquement plus d’espace pour les ordinateurs, et, surtout, qu’à chaque étage il y avait un écran mis à jour directement, signalant la disponibilité des ordinateurs de l’étage sur un plan. J’ai observé que les étudiants, en entrant à l’étage, regardaient naturellement l’écran et se dirigeaient vers les places vacantes (en bref : ça marche).

Ecran d'information, avec les postes informatiques libres (ici le sous-sol de la Hallward Library)

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15 réflexions sur “La bibliothèque jamais mieux qu’un Mcdo ?

  1. aurélien dit :

    Oué jolie fiction sur le parcours d’un étudiant à la recherche d’Internet ou une place dans la bibliothèque.
    Il est évident que beaucoup de choses sont à améliorer, je ne sais pas s’il faut chercher des « responsables » à cette situation. Seulement, les horaires d’ouvertures de la bibliothèque sont souvent liées aux moyens, cela implique de payer des employés d’ouvrir une médiathèque. Mais je suis d’accord un mieux peut être fait.
    Après la méthode de la Hallward Library, tout numériser… oui pourquoi pas. Enfin, l’herbe est toujours plus verte chez le voisin, et quand on regarde un petit peu la situation des bibliothèques anglaises…

    • Enzo Verder dit :

      Je suis bien d’accord : en ce qui concerne la bibliothèque en Angleterre, mon exemple n’est pas représentatif (universitaire, et universitaire riche) de la situation globale en Grande-Bretagne.

      Je ne cherche pas de responsables à la situation (mais le collègue bougon à l’accueil pourrait y mettre du sien !), et le problème des horaires d’ouverture n’aura qu’une solution : les moyens pour étendre les horaires.

      En fait je pensais surtout au problème de l’accès à internet pour un étudiant via la bibliothèque dans ce billet. Mais forcément, d’autres problèmes émergent…

      Hortensius

  2. B. Majour dit :

    Bonjour

    Est-ce que l’étudiant en droit ne peut pas monter d’un ou deux étages dans la BU ?
    Il y a souvent plusieurs places libres dans les étages supérieurs.

    Mais, c’est vrai, il faut prendre l’ascenseur. 🙂

    Par contre, bravo pour le descriptif du parcours, qui n’a rien de fictionnel je le crains (disons même que je le sais 😉 ).

    Bien cordialement
    B. Majour

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  6. […] jQuery("#errors*").hide(); window.location= data.themeInternalUrl; } }); } hortensi.us – December 13, 10:50 […]

  7. Oliburuzainak dit :

    La Saga du Wi-Fi… Comme dans toute figure ubuesque que peut présenter l’administration, le personnel de bonne volonté s’y tape aussi la tête contre le murs.

    Je peux donner certains éléments d’explication vus depuis Bordeaux 2, où personne et aucun service n’est à lui seul la cause du problème, mais où la conjonction d’éléments sans rapports chronologiques ou structurels entre eux a rendu compliqué ce qui pourrait être simple (en deux clics ou 5 secondes d’impression papier, renvoyer sur la solution alternative Eduroam quand Réaumur est saturé ou inaccessible, par exemple).

    Certains agents ont essayé individuellement de débloquer tout ça, mais ce que ça suppose d’exposer « en creux » (sur la façon dont les ministères lancent puis abandonnent des plans nationaux, sur la façon dont les universités ont encore du mal à stabiliser le pilotage de certaines synergies inter-universitaires, sur la façon dont les services administratifs français n’ont pas la culture de communiquer entre eux, sur la façon dont la fiction du statut des corps de catégories C des bibliothèques masque une incroyable hétérogénéité), ne me permettrait pas d’expliquer la mécanique infernale en message public de façon pertinente « pourquoi des choses simples deviennent compliquées ».

  8. […] J’ai appris qu’un nombre important d’entre eux se félicitait par ailleurs de l’absence de wifi qui leur permettait de se concentrer sur les révisions. Cette lacune trouve donc in fine un […]

  9. infodocbib dit :

    Infodocbib.net a déménagé. Retrouvez le billet relayé ci-dessus à sa nouvelle adresse : http://www.infodocbib.net/2011/12/bibliotheques-a-nous-de-vous-faire-preferer-macdo/

  10. […] bridage de la connexion sans fil : pourquoi est-il la plupart du temps 10 fois plus compliqué d’accéder à internet depuis une bibliothèque que depuis un Macdo ou…? […]

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