La BU comme refuge dont les ressources sont sous-utilisées (étude)

Une étude sur la gestion de la technologie par les étudiants à la BU durant les périodes de révision a été publiée le 12 octobre 2011 : « Project Information Literacy Research Report : Balancing Act ». Elle a été menée à bien par Head et Eisenberg de la Information School de l’université de Washington. L’étude est disponible en anglais ici.
Cette étude réalisée auprès de 20 institutions de l’enseignement supérieur aux Etats-Unis a porté sur un échantillon de 560 étudiants. J’en ferai ici un résumé-commentaire.

Crown Library. My favourite spot. Par Leah the Librarian Flickr  CC by-nc-nd

Crown Library. My favourite spot. Par Leah the Librarian Flickr CC by-nc-nd

Les ressources de la bibliothèques sous-utilisées
Les étudiants sous-utilisent encore plus les ressources numériques de la bibliothèques en période de révision et se rabattent alors sur le classique, le traditionnel, le simple et le sûr.
Mais la bibliothèque, en cette période difficile pour eux, est un « Refuge » : ainsi, un endroit rassurant où l’on est sûr de pouvoir travailler. C’est donc la vision traditionnelle de la Bibliothèque qui domine, et qui conduit naturellement à omettre les fonctions numériques (portails et autres) proposées. Certains étudiants se plaignent même de l’équipement technologique mis à disposition, objet de distraction.

Il y a donc une contradiction fondamentale entre ce que nous, BU, proposons, et ce que les étudiants attendent : au contraire l’absence de technologie pour pouvoir se concentrer sur leurs cours.

« Mon téléphone portable est tout ce que mon ordinateur portable n’est pas » : complémentarité des terminaux
L’autre élément important est l’utilisation de Facebook (surtout) et des messageries comme récompense d’un travail accompli pour l’université. Ceux-ci sont majoritairement consultés, sans surprise, sur des téléphones portables et des ordinateurs portables (quasiment 60%) amenés sur le lieu de travail. Ordinateur et téléphone sont le lien extérieur (amis, job) et la base de travail pour cette majorité (cours, vérification sur internet).

Si l’on va plus en détail dans les usages des étudiants, on se rend compte que chacun a des stratégies différentes (par exemple : n’avoir accès aux mails que sur le téléphone portable pour mieux travailler). Ces stratégies témoignent de parcours singuliers, d’utilisateurs « légers » des nouvelles technologies pour 90% d’entre eux (c’est-à-dire que leur irrépressible nécessité technologique est limitée). Ils essaient d’être encore plus « déconnectés » durant les périodes de révisions.

Que faire sur ses outils ?
L’écrasante majorité des étudiants utilise un navigateur internet quand seulement la moitié ouvre un traitement de texte et que seulement un tiers consulte ses mails.

Quels sites webs sont utilisés ? Facebook et les emails en priorité, 2% seulement le site ou les ressources de la bibliothèques (à titre de comparaison : 3% pour Youtube).
Si on résume : Facebook.

Mais l’étude relève surtout qu’à l’exception de Facebook et des mails, les étudiants vont sur des sites web très différents, et se créent un espace personnel très singulier constitué par ailleurs de peu de sites (deux pour la majorité).
L’utilisation d’internet comme plaisir (pour Facebook par exemple) est deux fois moins importante en cette période particulière qu’en temps normal.

En conclusion
Si on peut parler de « génération multitâche », il ne faut pas pour autant considérer leurs habitudes de travail comme aussi fragmentées et hasardeuses qu’on a pu le penser auparavant.
De même, la plupart ne sont que de simple utilisateurs de technologie, loin d’être des geeks.
Compartimenter les différents usages au moyen de stratégies personnelles semble être l’apport principal de cette étude.
Et s’accorder des pauses Facebook régulières n’a que peu à voir avec la pause café d’il y a vingt ans puisqu’elles remettent en cause les méthodes de travail elles-même, intégrant le multi-tâche [J’avoue que cette comparaison m’étonne et je ne sais pas dans quelle mesure elle est pertinente : à la BU de Bordeaux 3 où je travaille, justement, l’installation récente d’une machine à café rencontre un franc succès, qui était impossible il y a vingt ans puisque machine à café il n’y avait pas… du moins au sein même de la BU].
Certains étudiants justifient l’utilisation des réseaux sociaux pour leurs cours, et d’autres semblent vouloir leur donner raison, affirmant la « démocratisation du processus d’apprentissage » grâce à ces outils.

Recommandations de l’étude
Il est agréable de noter que les étudiants considèrent la bibliothèque comme un endroit qui leur permet de se sentir « studieux », « contemplatifs » et « productifs ». Malheureusement, la bibliothèque constitue ainsi un refuge, pas une source directe d’information et de soutien. Il y a donc un fossé entre ce que le bibliothécaire se félicite de proposer d’une part, ce que les étudiants pensent y trouver d’autre part et ce qui est utilisé enfin.
Lors de cette étude, la première plainte concernait la qualité du Wi-Fi (des deux côtés de l’Atlantique, le problème semble partagé).
L’utilisation des application mobiles est importante, et à la proportion d’utilisation des téléphones portables apparaît comme nécessaire une application de la BU qui répondrait aux nouvelles pratiques, dominées par le travail des étudiants lors des transports notamment.
Les étudiants en période de révisions ont une approche « less is more » (littéralement « moins c’est plus », le moins c’est le mieux) des outils technologiques.

Il convient alors de reconnaître cet usage, constitué de plusieurs sites, c’est-à-dire de quelques sites seulement.

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3 réflexions sur “La BU comme refuge dont les ressources sont sous-utilisées (étude)

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  2. […] jQuery("#errors*").hide(); window.location= data.themeInternalUrl; } }); } hortensi.us – Today, 11:43 […]

  3. […] comme un refuge dont les ressources sont sous-utilisées. Le blog Hortensius en fait un intéressant résumé assorti de commentaires à la lumière de l’expérience de Bordeaux […]

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